Bio de Léo ( Marc Léonard)
Bellou/Elisabeth CROMBECQUE
"L’homme qui peint devant moi, qui tisse ses toiles et s’étoile au repos, il danse, il bouge, mouvemente l’inerte et gestue l’immobile. Pour le public qui ignore encore tout de l’existence de Marc Lion d’Art, nous allons tâcher de grosseproser un portrait fidèle.
Vie antérieure: Marc Lion d’Art rencontra Saturne au bar du Carrefour d’Orion lors d’une halte pendant une excursion dans la voie Lactée. Au sortir du bar d’Orion, Marc Lion d’Art tomba dans un ruisseau de poussières célestes où il se débattit âprement et d’où il s’échappa après avoir frolé la noyade. Aidé par De Vinci Leonard, il sortit du ruisseau avec une étincelle double empreinte sur l’âme. Il eut désormais la certitude de se réincarner par la médiation d’humains nommés Léon’art et le pressentiment de devoir appréhender l’eau pour toujours. Arrivé aux confins de la voie Lactée il passa la porte de la lumière du jour et naquit le 2 Soleil, mit le neuf et des poussières à Lyon, clinique Sainte Elisabeth.
Pour mémoire: personnalités ayant déjà mis le neuf sans les z’ans avec lézarts: Picasso, Pollock, de Staël, Lowry, Pasolini, Morrison, Dubuffet, Canetti…
Périodes et rencontres marquantes:
L’an où se mit le neuf sans soie, sans thé et des poussières, Marc Lion d’Art rencontre sur le chemin de l’école JEANNOT TELL LARON Guillaume des temps modernes. JTL est un adepte de la philosport et se fait remarquer de tous et de Marc Lion d’Art grâce à son indicible talent de bavartigeur de haut vol. Les relations de JTL et de Marc Lion d’Art vont se poursuivre éternellement malgré la fin tragique de JTL. Eternellement en effet, car de son excursion dans la voie lactée, Marc Lion d’Art a acquis les pouvoirs de fidélité et de relations intemporelles qui lui permettent tant de choses. JEANNOT TEL LARON en met plein la vue à Marc Lion d’Art . Entre autres activités JTL creuse le sillon d’étoiles. Ceci inaugue la période portes ouvertes au “Pont 7”.Dès lors, à son petit tour, Marc lion d’Art expeint et peinpose dans différentes galezons (lieux rares où il peut arriver qu’on prenne les casseroles pour des pots de peinture et les tubes de gouache pour du dentifrice, lieux en général éxigüs, sauf dans la banlieue lyonnaise où la galezon porte d’ailleurs un autre nom et s’appelle maisatelier).
L’activité de Marc Lion d’Art va connaître un regain de frénésie lors de sa rencontre avec Elisa sa petite loube au cours de laquelle, entendant son rugissement sauvage et suave de Morrisonien inconditionnel, elle craque comme une allumette sans souffre rance et sans avoir eu le temps de dire carotte.
L’an où se mit à nouveau le neuf sans soie, sans thé et des poussières, une nouvelle rencontre déterminante a lieu qui connaît son regain de frénésie à l’heure actuelle, celle de DOM JUAN JACQUO issou des Cayres et ami de TELL LARON. Peintoureur des sables et fabriquant de boucles de couleur d’oreilles DJJ est lui aussi un bavartigeur de haut vol. En Ardèche, il jardine l’étoile et orticolleles champignons sur des carrés de serre harpisés à la flûtaille
Tous les ans à Cimaize, DJJ et Marc Lion d’Art patatinent et patatent de peintoure et de patates. Et c’est ainsi qu’à l’aune de ce nouveau siècle où l’amure rime si intensément avec la peintour, nous souhaitons à Marc Lion d’Art le succès pour ses divers accrochages d’étoiles aux mûres dans les NGC*
*NGC: nouvelles galezons capitales, Paris, New-York, Berlin, Glasgow ou Barcelone dont les portes sont aussi difficiles à passer que les passés sont durs à porter."
Un éclairage texte 1
Victor COHEN-HADRIA, 2013
Il ne faut pas s’attendre à y voir quelque chose. Parce que ça émerge presque sans que vous ne le vouliez.
Ce qui est étrange dans la peinture de Léo, c’est justement cela, cette façon dont la pâte soudain, avec un réalisme quelquefois exacerbé vous emmène dans un comte qui s’efface aussi et presque immédiatement. Ses oeuvres ont beaucoup à voir avec ces rêves dont au réveil on ne se souvient presque pas mais qui marquent votre journée. Ce n’est pas tant dans la façon dont il tord le cou du réel pour en faire surgir la structure que l’impression s’ordonne, mais bien dans la conversation que le spectateur entretient alors avec la matière même de la toile ou du papier et de ce qui s’y repose ou s’y étend.
D’ailleurs, je pourrais dire qu’il ne s’agit pas de figures ou de séries, mais d’un seul discours, continu, au travers d’une multitude de cadres, de ces cadres qui apparaissent et s’imposent dans le corps même du tableau, non pour y définir un espace que l’on devrait considérer plus particulièrement, mais pour marquer par leur présence celle de l’auteur lui-même dont le regard, là s’est perdu, comme par hasard. Mais là ou ailleurs; il comme ce type qui cherche la vie sous un microscope, la plupart du temps il ne voit rien, qu’un peu de lumière qui s’étale, qu’une surface indéfinissable, et soudain, comme par hasard, la voici qui frétille avant de disparaître hors des limites de la vue, mais elle n’en demeure pas moins, quelque part à gauche, à droite ou Dieu sait où !
C’est ainsi ! Il ne faut pas s’attendre à y voir quelque chose. Mais à l’inverse du moustique piégé dans la résine depuis des millénaires, figé et qui dès lors dit tout de lui, hors son vol; si un objet, un être ou une chose, pour vous s’éclaire dans un tableau de Léo, il ne dira rien de lui, hors sa vie.
Un éclairage texte 2
Mon ami Léo est un peintre que j'admire, mais il est monteur de profession, donc, avant tout c'est un montreur. Entre les deux termes git l'R» de la carmagnole, car ce qui suscite l'illusion en démonte aussi le mécanisme. L'art du montage est celui de l'assemblage, il rapproche deux images de telle sorte qu'elles induisent une continuité convaincante et
que même leur rupture soit une incitation discursive. Il élimine la réalité temporelle au profit d'un monde rêvé qui interroge l'imaginaire et l'incite à confondre le fantasme avec le réel.
Le montage est l'art du mouvement figé, la peinture est celui de l'immobile mouvant, cela se vaut et Léo le sait bien. Il sonde sans cesse, sans soucis du format, la puissance des interstices, c'est-à-dire la beauté abyssale de ce qui ne se dit pas, de ce qui ne se voit pas, en un mot de ce qui se cache sous les broussailles de l'habitude.
La pratique judicieuse du montage, implique un regard capable de repérer à I'image prés, parmi les vingt-cinq qui défilent chaque seconde, celle qui, à l'exclusion de toute autre restituera la linéarité inflexible du temps de l'oeil et du cerveau. Dès lors des correspondances, invisibles au profane s'établissent, qui réunissent dans un même ensemble, j'allais dire dans un même lit, les éléments épars qui, dans la vie, alertent l'animal qui gît en nous et l'incite à la fuite ou au combat. Cette attitude ralentit le temps pour assurer la sauvegarde de l'être qui est le pendant inaltérable de sa reproduction.
Les tableaux de Léo sont exactement cela, un temps aboli en un espace mouvant, ceux-là mêmes qui régissent la recherche de la volupté. C'est pourquoi nul ne peut se défendre de la nature érotique de la matière étalée sur la toile et qui fige le geste, pour révéler le monde. Pourtant, l'oeuvre de Marc Léonard, n'est pas le simple pendant de sa pratique
cinématographique, elle est la substance même de son existence. Elle réunit la détresse de l'exil et la passion du vagabondage, la peur de l'avenir et la fascination du lendemain, les jouissances de l'amour et l'impossible compréhension de l'autre, en un mot, la vie. Léo est comme Perceval le Gallois il fait tout autrement, mais contrairement à celui qui nosa pas poser la question, il interroge sans cesse.
Victor Cohen Hadria
Marc Léonard le rêveur insomniaque
Jean-Paul GAVARD PERRET
Au carrefour des oublis et de la mémoire (si infidèle) Marc Léonard réinvente les visages et le monde. Il trouve pour cela des solutions où tout ne concorde pas forcément. Parfois une horloge morose se remet en marche mais les heures que l’artiste aime n’y sont plus tout à fait. D’où ces suites de métamorphoses souvent énigmatiques même lorsqu’est peint un visage ou un corps. Le regardeur est touché par ces mystères sans être gavé de lourdeurs indigestes. Ne reste que l’essentiel. L’artiste aide à la la multiplication de croissants de lune pour torréfier les apparences. Il établit des liens qui soudent les créations à l’inconscient en proposant une poésie visuelle au tonus particulier : un côté masqué est là où l’image emporte les proportions admises en divers types de décalages. Tout reste entrevu dans une visualité de dissuasion. L’érotisme surgit de manière à en explorer une vision nouvelle hors de la joliesse comme de la laideur. Ce ne sont plus forcément les toisons sensuelles qui rendent les oiselles belles. Et les affinités possiblement électives demeurent des spéculations tant l’œuvre est fluide comme la nuit, pâteuse comme la dormeur, lourde-légère comme l’insomniaque rêveur. Elle crée un envoutement mais aussi une interrogation. Plutôt que de procurer de ces satisfactions superficielles qui laissent si peu de souvenirs, le travail accroche le regard par des mises à nu où est sauvegardé l’essentiel : une pudeur secrète. La peinture ouvre à une brume essentielle : c’est la manière de montrer qu’il y a moins de limite à rien que de fin à tout et qu’il est impossible de quitter cette terre sans penser à la mort mais aussi à la vie. Le tout entre douceur et torture. Marc Leonard est donc un artiste métaphysique mais qui n’oublie jamais le réel. Une bonne âme peut y repriser un pantalon. On imagine encore celle-là belle ou énigmatique. Mais l’artiste n’en montre pas plus : il ne se veut pas expert en jeux ou en marivaudages. Il refuse autant la réalité objective que le hasard factice.
sur l'esquif
Christian Sozzi, Galerie b+
Le travail de Marc Leonard nous guide aux confins d’un territoire d’une carte mentale qui, tout en proposant des chemins inédits, nous donne l’étrange sensation de guider nos pas dans des traces familières et déjà parcourues. La peinture nous propose une combinatoire des plans et des fuites, une variation du tempo et des intensités par la couleur, une tectonique des superpositions et des failles. C’est une interrogation sans fin de l’écart dans une variation tumultueuse entre apparition et disparition, entre économie des moyens et profusion des signes. Une passion de l’entre-deux pour la biographie rêveuse et furtive d’un promeneur poète de sa vie.
Comme pour faire le deuil d’un corps en sauvant son désir, le peintre s’emploie contre la figure qui s’impose en excès. Comme s’il fallait évanouir sous un voile la visibilité trop forte d’une présence, le geste occulte, brouille et estompe. Le recouvrement révèle qu’il y a du caché ou du vide. Quand s’anéantit le trop nu d’une présence s’ouvre alors la promesse énigmatique de ce qu’il y a véritablement à voir dans la peinture…
Dans ce précipité instable veille la possibilité d’un naufrage. Là, le peintre appelle le secours d’un ordre pour éviter l’effondrement d’une narration. Menaçant ruine, le chaos s’étaie de plans constructifs pour mettre en sécurité le sens égaré. Il faut alors amarrer la composition autour de quelques ensembles stables comme un morceau de lune ou un bout de mer, la silhouette d’une maison, la présence rassurante d’un droit chemin qui fait mine de conduire quelque part ou celle d’un signe faible, comme une lueur de phare dans la brume. Dans les paysages multiples, la peinture ordonne des scènes avec des traits de coupe qui peinent à combattre l’hydre des désirs de fuite. L’organisation de la peinture se fait alors rempart contre ce qui pousse en herbes folles du rêve, dans les marges des plans. Elle est aussi limite-raccord de la contiguïté des lieux dont elle souligne paradoxalement la proximité dans un récit. Comme si ce qui faisait sens se situait aussi dans la césure.
La charpente de la composition grince et résiste. Elle est toujours défaite. Jamais les barrages fragiles édifiés par le peintre ne contraignent complètement le hasard ni la contamination réciproque des images, ni les glissements des composantes d’un espace dans un autre dans les ambiances liquides de ces paysages ouverts aux grands vents.
Les peintures personnages sont prises dans la même logique des tensions. Les figures spectrales, sorties des usines à images de l’inconscient, viennent au devant de décors construits, le temps d’une pause avant évanouissement. Des souvenirs insaisissables vont et s’en vont alors dans une suite agitée où la toile cherche sa mémoire.
Quand la brise de terre se lève et pousse les nuages loin sur l‘océan pour n’en garder que les traces. Alors, ce qui flotte encore comme un passé insiste, puis s’efface.
Trois fois Léo
Philippe Bouasse