Un éclairage texte 1
Victor Cohen-Hadria, 2013
Il ne faut pas s’attendre à y voir quelque chose. Parce que ça émerge presque sans que vous ne le vouliez.
Ce qui est étrange dans la peinture de Léo, c’est justement cela, cette façon dont la pâte soudain, avec un réalisme quelquefois exacerbé vous emmène dans un comte qui s’efface aussi et presque immédiatement. Ses oeuvres ont beaucoup à voir avec ces rêves dont au réveil on ne se souvient presque pas mais qui marquent votre journée. Ce n’est pas tant dans la façon dont il tord le cou du réel pour en faire surgir la structure que l’impression s’ordonne, mais bien dans la conversation que le spectateur entretient alors avec la matière même de la toile ou du papier et de ce qui s’y repose ou s’y étend.
D’ailleurs, je pourrais dire qu’il ne s’agit pas de figures ou de séries, mais d’un seul discours, continu, au travers d’une multitude de cadres, de ces cadres qui apparaissent et s’imposent dans le corps même du tableau, non pour y définir un espace que l’on devrait considérer plus particulièrement, mais pour marquer par leur présence celle de l’auteur lui-même dont le regard, là s’est perdu, comme par hasard. Mais là ou ailleurs; il comme ce type qui cherche la vie sous un microscope, la plupart du temps il ne voit rien, qu’un peu de lumière qui s’étale, qu’une surface indéfinissable, et soudain, comme par hasard, la voici qui frétille avant de disparaître hors des limites de la vue, mais elle n’en demeure pas moins, quelque part à gauche, à droite ou Dieu sait où !
C’est ainsi ! Il ne faut pas s’attendre à y voir quelque chose. Mais à l’inverse du moustique piégé dans la résine depuis des millénaires, figé et qui dès lors dit tout de lui, hors son vol; si un objet, un être ou une chose, pour vous s’éclaire dans un tableau de Léo, il ne dira rien de lui, hors sa vie.